Boni Yayi a mis la charrue avant les bœufs
(Les 60% d’enfants sans actes de naissance n’ont-ils pas le droit à l’instruction)
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La descente du Chef de l'Etat dans les écoles |
A l’occasion de la rentrée
scolaire 2012-2013, le 1er octobre dernier, le président de la
République a effectué une descente dans quelques écoles de la capitale
économique du Bénin. Tout en prenant à cœur, les problèmes auxquels sont confrontés
ces écoles, Boni Yayi, s’appesantira sur
l’obligation des parents d’inscrire leurs rejetons à l’école jusqu’à 16 ans au
moins. Pour lui, l’école passe avant
tout et c’est un gage dit-il de renforcement du processus démocratique au
Bénin, de l’émergence économique et chacun doit jouer sa partition. Les parents,
les enseignants, les communes et le gouvernement doivent s’y mettre à
tant. Ayant dans la tête la dernière
session de l’ONU à laquelle il a pris part sur l’éducation et voulant que le
Bénin soit éligible afin de bénéficier des fonds mobilisés par les Nations
Unies, Boni Yayi, comme oubliant les réalités de son pays, voudrait se conformer
maintenant à la constitution du 11 décembre 90. Le président de la République,
ne voudrait plus voir d’enfants en âge d’aller à l’école errer dans les rues. Les parents qui s’aventuront à ne pas
inscrire leurs progénitures et dont les enfants vont être pris dans les rues du
Bénin répondront devant la justice et seront sévèrement punis, selon les propos
du chef de l’Etat. Il promet saisir le
conseil des ministres pour que dans la rigueur, la discipline et l’ordre,
des mesures hardies soient prises pour que l’éducation soit rendue obligatoire.
« Sans éducation, pas de démocratie et sans démocratie pas de développement,
je ne veux donc plus voir d’enfants en âge d’aller à l’école dans les rues »,
dixit, Boni Yayi. Dans cette croisade pour l’éducation, le président Docteur
sollicite la presse pour que l’information
soit propagée dans les confins du Bénin.
Dans son schéma, il veut impliquer tout le monde allant jusqu’à dire que
les communes entreront en possession de leurs compétences avec tout ce qui va
avec. Mais seulement, avec du recul et avec la réflexion d’un homme fait pour
éveiller les consciences, il nous semble que Boni Yayi a confondu vitesse et précipitation.
L’épineuse question qui a
échappé au président Docteur, c’est celle de ces nombreux enfants sans actes de naissance. En effet, plus de 60% d’enfants béninois sont
sans cette première pièce qui est exigée pour toute inscription dans les écoles
au pays. Boni Yayi en prenant ces
mesures ou en déversant devant les caméras de télévisions, tout ce qu’il a dit
le 1er octobre dans les écoles de Cotonou, devrait pouvoir avec ses
conseillers, réfléchir autrement. Mais il
a préféré aller au champ sans sa houe. Beaucoup de parents par défaut de moyens
ou de sensibilisation, ne déclare pas la naissance de leurs enfants. C’est donc à ça qu’il urge de s’attaquer afin
de permettre à tous les enfants d’avoir la même chance, celle de pouvoir aller
à l’école. Mais on a tout simplement mis la charrue avant les bœufs. Boni Yayi
dans son élan, verra certainement plus d’enfants dans les rues que dans les
écoles. Faut-il le rappeler, 60% des enfants béninois sont sans actes de
naissance. C’est une question qui devrait préoccuper tous les cadres à tous les
niveaux de l’administration, mais personne n’y pense.
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Boni Yayi dans l'une des écoles |
Chose marrant, c’est un
jeune artiste béninois du nom de Kiffouly Youchaou, qui comprenant le handicap
que constitue l’acte de naissance pour l’inscription des enfants à l’école, a
voulu se pencher sur la question à travers une exposition pour attirer l’attention
des uns et des autres et montrer les manques à gagner pour l’économie
béninoise, mais personne n’a daigné l’écouter, son projet n’a reçu l’assentiment
d’aucun cadre de l’administration béninoise. Ils ont préféré financer les
concours Miss et les concerts de jeunes dévergondés. Cet artiste a même été
arrêté et éconduit à la prison au cours de l’une de ses performances sur l’épineuse
question des actes de naissance. Voilà qu’on veut envoyer tous les enfants à l’école,
mais peut être sans pièce, c’est possible au Bénin car c’est le président
qui a parlé. Wait an see.
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