Cette presse qui agonise…
Les Béninois savent-ils seulement que la presse béninoise est la corporation la plus rétrograde du pays où aucune association n’est reconnue par les pouvoirs publics en dehors de la seule organisation de journaliste (Upmb) et de son homologue du patronat (Cnpa) des médias régentés par les gourous ? Toute autre initiative associative est réprimée, humiliée, embastillée avec la complicité des institutions de la République. Le prétexte tout trouvé s’appelle : recommandations des états généraux de la presse. Toutes les corporations du pays ont connu leurs états généraux sans que cela n’aboutisse à l’instauration du monolithisme syndical et associatif. Sauf à la presse béninoise. Depuis lors, tout regroupement non approuvé par l’ordre établi est voué à disparaitre, de gré ou de force. Un despotisme contre lequel, le brillantissime confrère Léandre Houngbédji a lancé une charge épique il y a quelques années avant de finir par rejoindre les rangs et se faire coopter à la mandature contestée de l’Odem 2012.
La pratique sur le terrain se passe de commentaires. C’est le seul corps de métier au Bénin où on peut se faire radier de la profession ni par son employeur ni par ses pairs, encore moins par une décision de justice, mais plutôt par des censeurs aux 2/3 politiciens ou ayant reçu mandat de politiciens (Haac). C’est encore dans ce milieu là qu’il est formellement interdit de porter assistance à un confrère en danger. Les journalistes se font sanctionner, sont interdits de parution temporairement voire définitivement sans que personne ne puisse lever le petit doigt dans la corporation sans risquer des représailles. Curieusement, ces sanctions reçoivent très souvent l’approbation des seules associations admises. Omerta, délations, intrigues, coups fourrés sont les choses les mieux partagées dans le milieu. Il est rare de voir la presse béninoise mener des combats contre les multiples menaces extérieures à la corporation. Les batailles se livrent presque toujours à l’intérieur, clan contre clan, par gourous interposés.
J’ai la faiblesse de me convaincre que le contrôle de la presse échappe aux acteurs visibles et officiels. Et qu’il y a des milieux qui tirent les ficelles depuis plus d’une décennie. On y développe plus des méthodes de politiciens, de barbouzes voire de sociétés secrètes que des élans de confraternité, d’entraide, de solidarité et d’épanouissement. De sorte qu’aucun combat de la presse pour la presse n’aboutit presque jamais à savoir les allègements fiscaux pour les entreprises de presse, la suppression des peines privatives de liberté en matière de délit de presse, le code de la presse, la législation sur l’accès à l’information etc…Tenez, c’est la seule corporation à ma connaissance où le creuset des employeurs et celui de leurs employés émettent les mêmes avis sur presque tous les grands sujets à travers des communiqués de presse conjoints devenus systématiques. Imaginez Gaston Azoua s’entendre sur tout et à propos de tout avec Yayi et appeler à cosigner systématique les comptes rendus du conseil des ministres.
Voilà le Bénin et sa presse !!!
Source:arimi choubadé http://arimi.freehostia.com