mardi 11 septembre 2012

50 ans après avoir déformés 10 000 enfants

Le fabricant de la thalidomide s’excuse


Près de 10 000 enfants à travers le monde sont nés avec des déformations après que leur mère a pris ce médicament contre la nausée.

La thalidomide

Les premières excuses du fabricant allemand de la thalidomide aux milliers d’enfants victimes de ce médicament, cinquante ans après les premiers cas de malformations, ont provoqué samedi une vague d’émotion suscitant l’effroi dans les pays touchés par le désastre pharmaceutique. Vendredi, le directeur exécutif de Grünenthal, Harald Stock, a déclaré que son entreprise était “vraiment désolée” pour son silence envers les victimes de la thalidomide, qui était vendue aux femmes enceintes pour soigner les nausées matinales dans les années 1950 et au début des années 1960.
“Nous demandons que vous considériez notre silence comme un signe du choc que votre destin nous a causé”, a dit le dirigeant. Le directeur, qui s’exprimait dans une salle municipale de Stolberg, dans l’ouest de l’Allemagne, dévoilait à cette occasion un mémorial en hommage aux victimes, dont certaines étaient présentes. Une petite sculpture de bronze d’une fillette sans bras et aux jambes mal formées, assise sur une chaise, devait symboliser les quelque 10 000 enfants nés avec des déformations – parfois une absence de certains membres – après que leur mère a pris ce médicament vendu dans près de 50 pays avant d’être retiré du marché en 1961.

“Excuses pathétiques” (avocats de survivants)

Le discours du dirigeant allemand a été jugé déplacé par les associations de victimes recensées principalement en Allemagne, en Grande-Bretagne, au Japon et au Canada. Freddie Astbury, consultant en chef de l’association Thalidomide Agency UK, aurait préféré que la firme accompagne “ses paroles d’un investissement financier” plutôt qu’elle exprime un simple regret. “Nous avons appris à quel point il est important d’ouvrir un dialogue avec ceux et celles qui ont été affectés et de leur parler, de les écouter”, avait dit le dirigeant, assurant que Grünenthal entreprenait des démarches pour aider les victimes du médicament.
En Australie, des avocats de survivants ont qualifié de “pathétiques” et “insultantes” les excuses du fabricant pharmaceutique. Dans un communiqué, les avocats de la survivante australienne Lynette Rowe, qui a porté son histoire devant les tribunaux, ont fustigé le mea culpa de Grünenthal. “Ces excuses sont trop faibles, trop tardives, et pleines d’hypocrisie”, ont réagi les avocats de Lynette Rowe, née sans bras et sans jambes.
Ils ont rappelé que “pendant cinquante ans Grünenthal était impliqué dans une stratégie d’entreprise calculée pour se mettre à l’abri des conséquences morales, juridiques et financières, conséquences de la négligence de ses décisions dans les années 1950 et 1960. Selon eux, “mettre le long silence (de l’entreprise) sur le compte d’un choc (…) est un non-sens”. En Allemagne, l’Association des victimes du Condergan, appellation de la thalidomide dans ce pays, a, elle, jugé le discours de Grünenthal insuffisant.
“Ils ont exprimé des regrets, mais ne se sont pas excusés pour la mise sur le marché de ce médicament qui a été administré à des femmes en l’absence de tests”, a déclaré Ilonka Stebritz. “Nous attendons des actes, et, si des actes ne suivent pas, il ne restera de ces excuses qu’une coquille vide et une opération de communication”, a-t-elle ajouté. Au Japon, l’un des principaux pays touchés par le désastre après l’Allemagne et la Grande-Bretagne, le discours a également déçu. “Des excuses, cela va de soi”, a déclaré Tsugumichi Sato, directeur général de Sakigake, un centre d’aide sociale.
“Le nombre de victimes aurait été plus faible si l’entreprise avait arrêté la vente du médicament plus tôt”, a fait remarquer Tsugumichi Sato.
source: AFP

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